18 septembre, 2007

la chute

pendant que le gouvernement veut faire passer un test de l'acide désoxyribonucléique à tous les candidats à l'immigration, officiellement pour vérifier leur franco-compatibilité, officieusement pour entamer la création du fameux fichier global cher à sarkozy, que ce dernier parle de dépénaliser le droit de l'entreprise comme nulle part dans le monde afin de laisser les mains libres à tous ses amis grands patrons et financiers, que bernard kouchner s'aligne sur la position américaine en matière de politique etrangère et menace l'iran de guerre, que se passe-t-il à gauche?

jospin, après avoir voulu ruiner les chances de royal, puis être entré dans son équipe de campagne (donc théoriquement pour soutenir sa candidature, ou alors je n'ai rien compris), sort un bouquin dans lequel il l'insulte ouvertement sans prendre de gants.
"royal n'est qu'une illusion", pourquoi pas, c'est assez abscon pour être tangible, et puis c'est vrai qu'elle n'a pas gagné au second tour.
par contre, déclarer qu'elle était la plus mauvaise candidate possible, venant de jospin, c'est énorme! rappellons qu'il y a cinq ans yoyo s'était esclaffé à la question d'un journaliste visionnaire qui lui demandait ce qu'il ferait s'il n'était pas au second tour. il a trouvé que la question manquait de sérieux et n'avait même pas daigné répondre. on connait la suite.
il y a décidément des circonstances où on ferait vraiment mieux de fermer sa gueule.

quelle est la réaction de la madone? eh bien elle se prend carrément pour le christ et jeanne d'arc réunis. "pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font", "si j'avais été jeanne d'arc on m'aurait déjà brûlée". aucune réaction, ni sur le fond, ni sur la forme. rien. c'est celui qui dit qui est. en passant, jospin ne se prend bien sûr pas pour jeanne d'arc, lui. les voix, il ne les entend pas, il ne les voit pas non plus.

c'est l'ambiance cour de récré du parti socialiste régnant depuis la mort de mitterrand qui prime, on se demande comment on peut être décalé à ce point par rapport à l'actualité et au monde qui tourne.

on n'imagine pas une seule seconde qu'ils finiront par se remettre en question. alors ils essayent piteusement d'exister en dehors de toute contestation ou action, l'une en divorcant du premier secrétaire mou du parti, l'autre en ecrivant des bouquins avec son propre caca.

la gauche francaise en tant que tel n'existe plus.

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simple mais beau

nous sommes allés passer la journée dans un parc d'attraction ce lundi. il y a au fond du parc une arène où il se donne deux fois par jour un spectacle médiéval vaguement basé sur la recherche du graal, avec les ingrédients habituels: de beaux chevaux parfaitement dressés, un chevalier vaillant, un chevalier noir très très méchant (et par ailleurs excellent), des moines, un gnome, un bouffon, un tournoi de chevalerie, un scénario simpliste, de l'héroïsme naïf et de l'humour simple mais de bon aloi. un spectacle sans grande prétention mais où on ne s'ennuie pas une seconde. les intervenants ont de plus l'air de s'amuser franchement dans leur boulot et sont évidemment d'excellents cavaliers.

il y avait pendant tout le spectacle une petite pluie fine mais persistante. devant nous se trouvaient les rangées de fauteuils réservés aux handicapés et de l'espace pour les chaises roulantes, largement suffisant mais pas du tout protégé des éléments.
il ne se trouvait à cet endroit que deux personnes: une dame en chaise roulante et un monsieur, probablement son mari. quand ils sont partis à la fin du spectacle j'ai remarqué que cet homme avait tenu tout le long un grand parapluie au-dessus de la dame. elle n'a sûrement pas pris la moindre goutte. lui est parti avec le dos de sa veste totalement trempé de pluie, sans avoir l'air de s'en soucier, avec le sourire satisfait de quelqu'un qui a vu un bon spectacle avec quelqu'un qu'il aime bien. ni plus, ni moins. tout simplement.

pour moi, le chevalier vaillant, c'était cet homme-là.

homo automobilis

cher ami retraité, je te respecte profondément. tu es notre ainé, et la mémoire vivante du monde actuel. tu as souvent travaillé toute ta vie, supporté des chefs d'équipe abusifs, des patrons chafouins, des fonctionnaires nafoutistes, et parfois des employés tire-au-flanc.
tu as élevé tant bien que mal des enfants qui te sont sûrement reconnaissants de toute la bonté que tu as eue pour eux.
tu as vécu les horreurs de la guerre, qui met toujours en lumière les mauvais cotés de l'homme. tu as été résistant, collabo, planqué, soldat évidemment, mais de toute facon ca n'a pas toujours été facile.

tu supportes -parfois sans te plaindre- les affres du vieillissement, et il t'arrive même de faire tes courses un autre jour que le samedi.

mais voilà: je suis un automobiliste. ma voiture est un de mes outils de travail et j'y passe une bonne partie de la journée. des clients m'attendent, j'ai du boulot, des horaires à tenir, et puis avouons-le il y a un moment où j'ai quand même un tout petit peu envie de rentrer chez moi, si ca ne te dérange pas trop.

alors malgré tout le respect que j'ai pour toi, quand tu te traines lamentablement à 90 sur la voie de gauche puis quand, au bout de ma lassitude, je décide de te dépasser par la droite et que, remarquant enfin que j'étais là, tu gueules comme un putois et me fais des appels de phares hystériques en te tapant la tempe avec l'index comme obélix; quand tu freines brutalement 400m avant un rond point totalement désert en pleine nuit avant de t'arrêter dans un freinage d'escargot névropathe pour laisser passer... rien du tout; quand tu me coupes la priorité et que je suis obligé de me mettre debout sur les freins pour ne pas te percuter, puis que tu me traites de tous les noms en gesticulant comme un primate sous cocaïne, te sentant protégé de tout, même de la logique, dans ta berline diesel de 200 chevaux te permettant de traverser les villages à 20 à l'heure, endossant tout seul sans même t'en rendre compte la responsabilité d'un bouchon de 2km alors que la circulation devrait être aussi fluide que tes selles; quand tu poses ta femme comme un sac poubelle sur une place de parking pour la garder comme s'il y avait ton nom dessus (sur la place de parking) le temps d'aller acheter je ne sais quoi ou prendre de l'essence... eh bien j'ai beau être humain, compréhensif, diplomate, non-violent et parfaitement éduqué, j'ai quand même envie de te balancer dans le fossé, de te sortir de ta voiture par ce qui te reste de cheveux, de te casser les deux genoux avec une barre de fer et de faire éclater ta tête comme une tomate en sautant dessus à pieds joints.