09 mai, 2006

tout va bien!


dominique galouzeau de villepin (dont par parenthèse la particule est aussi frelatée que celle de valéry giscard d'estaing) déclarait récemment "tout va bien. notre bilan est excellent, je reste à matignon". pourtant les journalistes politiques n'en sont même plus à se demander s'il finira par partir ou se faire virer, mais qui va le remplacer en tant que fusible de chirac à matignon. ils n'ont peut-être pas tout à fait tort. qui sera-ce, sarkozy, ruffenach, borloo? juppé? rika zaraï? notons juste que jamais un premier ministre en exercice n'a été élu président de la république (ca m'étonnerait fort que ce genre de détails échappe à quelqu'un comme sarkozy).

faisons un petit récapitulatif dans les grandes lignes du bilan gouvernemental, et vérifions que tout va effectivement bien.

1° on peut légitimement penser que pour nos dirigeants actuels les promesses n'engagent que ceux qui les croient (l'expression est de pasqua, élu aux dernières sénatoriales par ses amis sarkozystes pour pouvoir échapper à la justice), ne serait-ce que parce que le président est jacques "supermenteur" chirac. un exemple?
la tva à 5% pour les restaurateurs, promesse électorale dont le gouvernement savait bien qu'il ne serait pas en mesure de la tenir, faute d'aval de bruxelles. ils le savaient, ils l'ont promis quand même, ce sont donc des menteurs, chirac en tête et personne ne me contredira sur ce point, ce qui est déjà inquiétant.

2° le cpe. villepin à l'aube des premières manifestations anti-cpe avait déclaré (comme raffarin en son temps) que ce n'était pas la rue qui gouvernait, que le cpe était une mesure juste et intelligente et que la loi serait appliquée, et que si t'es pas content c'est pareil. quelle admirable fermeté: pas de consultation des partenaires sociaux, on fait passer le texte sans aucun débat grâce à l'article 49/3 permettant de court-circuiter le parlement pour appliquer une loi, article dont on se demande d'ailleurs ce qu'il fout dans la constitution d'une république démocratique. la mobilisation n'a pas baissé, la loi est retirée, le gouvernement montre belle figure et sourire carnassier, mais dans les faits rentre piteusement dans sa niche avec la queue entre les jambes.
et, échaudé, remet les débats sur l'interdiction totale de fumer dans les endroits publics à plus tard, aux alentours des calendes grecques. la différence est ténue entre la prudence et la lâcheté. sarkozy tire les marrons du feu en s'inventant une vocation de médiateur, chirac botte en touche et s'occupe du plan anti-cancer.

vous avez manqué la fin de l'épisode? la voici: la convention de l'organisation internationale du travail a déclaré illégal le contrat première embauche, pour la raison principale que le motif de rupture d'un contrat de travail doit absolument être motivé, et le tribunal des prud'hommes de longjumeau a condamné une entreprise pour une rupture de contrat première embauche à l'encontre d'une femme qui a bien fait de ne pas se laisser faire. la décision faisant jurisprudence, le débat est clos.

3° clearstream. l'affaire étant en cours, il ne m'appartient que d'exposer mes observations: je ne suis pas en mesure de juger qui que ce soit sur le fond. occupons-nous donc de la forme.

villepin aurait demandé a un barbouze d'enquêter sur plusieurs personnalités notamment politiques qui pourraient détenir des comptes banquaires potentiellement frauduleux à l'étranger. le nom de sarkozy aurait été cité lors de l'entretien entre les deux hommes. le premier ministre se défend d'avoir cité le nom du ministre de l'intérieur, puis, le barbouze rondeau ayant déclaré le contraire devant un tribunal, explique ensuite lamentablement que oui, il l'a cité, mais sans rapport direct avec l'enquête. mais alors, pourquoi mentir en premier lieu? pourquoi singer ainsi le gamin qui dit "non non, je n'ai pas touché au chocolat" alors qu'il en a jusqu'aux oreilles?

sarkozy déclare qu'il est une victime (expression employée à son égard de facon systématique par la presse au garde-à-vous), qu'on a essayé de le descendre, et qu'il accrochera les coupables à des crocs de boucher (il l'a vraiment dit!). chirac , fidéle à son habitude consistant à lâcher ses amis en pleine panade (comme à l'époque des emplois fictifs du rpr qui ont envoyé le ministre de la coopération roussin à la prison de la santé et juppé au québec, ce qui est quand même plus sympa), botte en touche et s'occupe du développement de la télé numérique.

le gouvernement se trouve donc englué dans une affaire de pognon caché et de lutte d'intêrét digne d'une république bananière, le monde entier se fout ouvertement de notre gueule, et dominique galouzeau de villepin continue de déclarer que tout va bien. c'est beau d'être optimiste à ce point, à moins qu'il ne se foute également de notre gueule?

4° le porte-avion clémenceau (de clémenceau, prénom georges, surnommé "le père-la-victoire" ou "le tigre" et ancien ministre de l'intérieur, je signale ceci à l'attention des abrutis comme steevy boulet qui demandait récemment chez ruquier si le georges clémenceau dont les protagonistes des "brigades du tigre" parlaient sans arrêt avait un rapport avec le porte-avion).
quand les américains démobilisent un batiment militaire, ils utilisent deux solutions: soit ils le dépolluent (théoriquement) par leurs propres moyens puis l'envoient par le fond, le transformant en récif artificiel, soit ils le découpent en petits morceaux et revendent la ferraille à l'industrie. coût moyen de l'opération: deux millions de dollars.
nous autres, en france, on est pas aussi simplistes: on l'envoie en inde où il est censé être démonté sur un chantier quasi-sauvage par des ouvriers sans protection, sans aucune mesure de dépollution préalable, on se met tous les écologistes du monde à dos, on le rapatrie en le tirant avec un remorqueur, en cours de route on se demande si on va en faire une résidence maritime, un musée, un resto, ou des fourchettes à escargots, on re-passe pour des cons baladant un tas de ferraille pourri sur toutes les mers aux frais du contribuable, la pauvre ministre de la défense (et fidèle de chirac) alliot-marie est obligée d'aller se ridiculiser au journal télévisé en expliquant que tout était prévu et que l'armée maitrise parfaitement la situation, chirac botte en touche et, n'ayant décidément plus rien à faire, part une fois de plus montrer sa bite sur le balcon de sa résidence de brégancon en sifflant une corona (bon, là, j'extrapole). coût de l'opération: 12 millions d'euros! et on n'a pas encore commencé à démonter le clémenceau...

bref, laissons le gouvernement résumer mon propos par lui-même dans ce qui suit.

rappellez-vous, il y a de ca une dizaine d'années la droite (avec on ne sait quel pognon) avait organisé une vaste campagne d'affichage montrant des gaulois en train de se battre et titrant "vous n'en avez pas marre d'avoir la droite la plus bête du monde?"
uderzo leur a collé un procès en déclarant qu'astérix ne faisait pas de politique. il a gagné, les affiches ont été retirées et la droite la plus bête du monde a dû (avec on ne sait quel pognon) lui verser des dommages et intêréts, confirmant ainsi le postulat évoqué sur l'affiche.

tout va bien!

mais j'ai quand même une furieuse envie de les botter en touche.

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

"On a ce que l'on mérite"... Dilemme plébéien : ou le peuple est moins con, mais on va manquer de politiciens ou il demeure aussi con et alors là, on en a trop !!!

9:17 PM  
Blogger cosmocrator said...

plébéien ou kafkaien?

5:37 PM  

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